LE MUSEE QUI ROULE DES MECANIQUES
Le Louwman Museum pourrait être vu comme un simple musée de l’automobile mais, en réalité, c’est bien plus que ça ! On entre ici dans un véritable temple moderne voué à l’aventure de la voiture, depuis ses premiers tours de roue.
Plus qu’un musée de l’industrie automobile, le Louwman Museum est un lieu de passion. D’abord celle de son fondateur pour les voitures mais aussi pour tout engin roulant en général. Puis celle de son fils qui continua et compléta la collection paternelle. Et, aujourd’hui, plus de 90 ans après l’ouverture des portes du musée, la ferveur reste tout aussi puissante.
Premiers tours de manivelles
259 voitures sont rassemblées ici. Plus de 250 bagnoles et autres bousines, guindes, tacots, tires, charretons et autres teufs-teufs !
La plus récente a été construite en 2019. Une Toyota TS050 Hybride, détentrice du record du tour le plus rapide aux 24H du Mans, qui partage l’espace dédié aux voitures de courses avec une Formule 1 et une championne de Nascar développant la bagatelle de 850 ch.
L’une des doyennes du musée, d’une puissance d’un cheval, repose bien loin de ces bolides survitaminés. La belle réplique de la Benz Patent Motorwagen, considérée comme l’une des premières automobiles de l’histoire, au design encore très proche des calèches, les observe de loin, du haut de ses 139 ans !
Entre ces deux générations de véhicules, on a créé des milliers de modèles, imaginé de nouveaux concepts, innové et rêvé pour aller plus vite et plus loin, en ajoutant, au fil du temps, de plus en plus d'éléments pour voyager confortablement et en sécurité. Et c’est tout cela que nous dévoile, en beauté, le Louwman Museum.
Benz Patent-Motorwagen, 1885. Photo : Michael Rietveld 2009
Toyota TS050 Hybride, 2019
Un nom plus que centenaire
Avant d’exposer de jolies guimbardes, Pieter Louwman a commencé par en vendre. Avec son ami Arie Parqui, il commence par importer des motos au début des années 1920. En 1923, les deux compères fondent Louwman & Parqui et obtiennent, moins d’un an plus tard, l’exclusivité des ventes de la marque américaine Dodge Brothers. Le succès des deux concessionnaires encourage d’autres marques à leur confier leurs véhicules. Moon, Pierce-Arrow, Graham, De Soto, Franklin et d’autres encore s’ajoutent bientôt à la liste.
Entrepreneur comblé, Piet Louwman ne tarde pas à mettre quelques modèles de côté. Il achète notamment les anciens véhicules de ses clients dès lors qu’il leur reconnaît une certaine valeur muséale. Le premier modèle à entrer dans sa collection sera ainsi une Dodge 30-35 de 1914.
Collectionneur jusqu’au bout des ongles, Piet Louwman inaugure en 1937 un parc animalier à Wassenaar. Fermé en 1985, il compta jusqu’à 3 500 animaux dont ceux récupérés, en 1943, du zoo de La Haye. De ce parc animalier, il ne reste plus aujourd’hui que la porte d’entrée, elle-même récupérée de l’ancien zoo de Rotterdam, et qui orne désormais l’entrée du Musée Louwman.
Cette Dodge 30-35 de 1914 est la première voiture de la collection de Piet Louwman.
Photo : Michael Rietveld 2009
Un héritage vivant
Après la Seconde Guerre Mondiale, l’entreprise Louwman continue son expansion. Elle importe ainsi les tracteurs Ferguson dès 1947. Les années 60 lui sourient encore davantage. Elle devient l’importateur officiel des Morgan, des motos et des voitures Suzuki mais aussi de la célèbre marque japonaise Toyota.
Quand il succède à son père en 1969, Evert Louwman reprend l’entreprise tout en poursuivant les rêves de son paternel. Ce sera d’ailleurs lui qui créera le véritable premier musée, à Leidschendam, une commune périphérique de La Haye, en 1969. Après un premier déménagement dans un village au sud-est de Rotterdam en 1981, les voitures s’installeront finalement, en 2010, à Wassenaar dans l’actuel Museum Louwman.
Louwman devient l'importateur officiel de la marque Toyota dans les années 1960, années qui ont vu fleurir cette première supercar japonaise, la Toyota 2000GT.
Photo : Dirk Patschkowski
Quelques trésors du musée
L’ovni
Les lignes de la Pegaso Z-102 Cupula sont directement inspirées des objets non identifés que l’on détecte à tout va dans le ciel des années 1950. Tellement extraordinaire qu’il aurait pu être extraterrestre, cette exemplaire unique présenté au Salon de l’auto de New-York en 1953 eut comme premier propriétaire Rafael Trujillo, alors président de la République dominicaine. Elle lui doit son surnom : El Dominicano !
L’excentrique
La Brooke Swan ne ressemble à aucune autre voiture. Et c’était bien l’objectif de son propriétaire, Robert Nicholl “Scotty” Matthewson, un riche Ecossais résidant à Calcutta au début du XXème siècle. Il espérait bien surprendre voire choquer les passants avec ce véhicule improbable orné d’une fleur de lotus dorée à l’arrière et d’un cygne à l’avant. L’animal ne servait pas qu’à décorer puisqu’il pouvait cracher de la vapeur par le bec pour faire fuir les passants devant la voiture.
Rachetée par le Maharaja de Nabha, elle sera conservée dans sa famille pendant plus de soixante-dix ans avant d’être reprise par le Louwman Museum.
La sublime
Produite à 69 exemplaires entre 1937 et 1939, la Talbot-Lago T150 figure parmi les beautés les plus pures du musée. Surnommée “la goutte d’eau”, elle semble n’avoir été créée que pour séduire l’oeil qui l’admire. Et pourtant, sous ses lignes élégantes et ce design épuré se cache un monstre : un moteur de six cylindres de 4 litres développant 160 ch.
Photo : Michael Rietveld 2009
La passe-partout
La Spyker 60HP multiplie les records. Cette création néerlandaise de 1903 est la première voiture au monde équipée d’un moteur six cylindres, la première voiture à essence à quatre roues motrices et la première, encore, dotée d’un système de freinage relié aux quatre roues ! Ces avancées techniques et sa vitesse de pointe de 110 km/h lui permirent, notamment, de décrocher la deuxième place de la course Pékin-Paris de 1903.
Photo : Michael Rietveld 2009
L’aérienne :
Une voiture, finalement, ce n’est rien d’autre qu’un avion sans aile ! L’avionneur Marcel Leyat imagina donc ce véhicule étonnant, doté uniquement de la marche avant et mû par une hélice. Propriété de la famille Peugeot depuis sa sortie d’atelier, l’Helica a principalement roulé au début des années 1920 avant de refaire une sortie en 1944. Des soldats allemands tentèrent de fuir à son bord, sans succès. Cet objet roulant non identifié est une des dernières acquisitions du musée. Elle est exposée seulement depuis cette année.
Auto, boulot, dodo
Hugh McDonald est un homme pressé. Cet homme d’affaires américain des années 1930 ne voulait pas gâcher le temps passé dans les transports. Il se fit donc aménager une remorque tractée par une Graham Blue Streak. Dans ce que l’on appelle alors “l’Aerocar”, le banquier disposait d’un bureau mais aussi d’une cuisine et des toilettes.
Photo : Michael Rietveld 2009
La voiture cool
Avec sa poupe, ses hublots, ses bouées de sauvetage et son pont en bois verni, la voiture du carrossier turinois Coriasco a tout d’un bateau. Excepté, peut-être, la flottabilité ! En réalité, ce drôle d’engin n’a pas été créé pour prendre l’eau mais plutôt pour faire la promotion d’une école de voile de Bologne. Sous ses allures marines se cache en réalité une simple Fiat 1100…
L’espionne
Quitte à posséder une Aston Martin DB5, autant que ce soit celle de James Bond ! L’exemplaire présenté au Louwman Museum est en effet la “vraie” DB5 du célèbre agent secret de Sa Majesté, cadeau de Q dans le film Goldfinger.
Aussi belle que la DB5 de série, celle-ci dispose toutefois de quelques options fort utiles quand on lutte contre le mal : des mitrailleuses dans les clignotants, plaque d’immatriculation rotative, écran pare-balles et siège éjectable.
La complétement loco
Au début du XXème siècle, les constructeurs automobiles misent tous, ou presque, sur l’essence. Certains se tournent néanmoins vers d’autres solutions. Et c’est le cas avec les frères Grout, installés au Massachusetts, qui croient dur comme fer à la force de la vapeur. Et pour que personne n’ait de doute, ils vont jusqu’à donner à leur voiture l'apparence d’une locomotive ! L’étrangeté du véhicule n’a d’égale que sa rareté. Les frères Grout n’ont été actifs que de 1900 à 1912.
