DES HAUTS ET DES BAS

Un des 35 000 repères NAP disséminés dans tout le pays
Les Pays-Bas tiennent à garder le niveau. Surtout en topographie. Ils ont ainsi leur propre hauteur de référence pour prendre la mesure de l'élévation de leur territoire. On l’appelle NAP, pour “Normaal Amsterdams Peil”, et il existe sous ce nom depuis 1891.
Avant cette date, et durant près de deux siècles, on parlait simplement d’Amsterdams Peil (AP). Ce repère avait été calé sur le niveau de crue moyen de l’Ij qui coule à Amsterdam. Il était comparé à la hauteur des digues les plus élevées. Plus l’écart était grand, moins on avait de soucis à se faire…
En 1860, on refait les calculs avec des altimètres ce qui permet de découvrir de nombreuses erreurs. Les conséquences de ces erreurs pouvant se révéler bien fâcheuses, le pays lance une grande campagne de correction. Fin 1894, après neuf années de travail, les mesures sont enfin normalisées. Et le nouveau nom, Normaal AP, prend tout son sens.

La seule rescapée des Pierres de Hudde, à Amsterdam
Ça baisse !
Plusieurs nivellement de précision ont eu lieu depuis. Il faut dire que le pays perd parfois de sa hauteur… Les premiers repères visuels installés dans des écluses d’Amsterdam ont perdu de leur sens quand il n’ont pas disparu, tout simplement. Une ultime “pierre de Hudde” demeure dans l’écluse de la Licorne. Mais elle ne sert plus de point de référence. De fait, la pierre a bougé depuis son installation en 1682. Elle s’est enfoncée de 0,2 mm par an, soit 61 millimètres en un peu plus de 300 ans.
Ailleurs dans le pays, l’affaissement du sol est encore plus accentué. Le centre-ville de Gouda s’enfonce en moyenne de 3 mm par an. Et le mouvement n’est pas près de s’arrêter. On estime que cela pourrait encore durer 300 à 400 ans avant d’atteindre une couche géologique stable. Le centre-ville de Gouda sera alors 1,20 m plus bas qu’aujourd’hui !​

Partout des repères
Aujourd’hui, six points parmi les plus stables du pays servent de base d’étalonnage. Et ces six références assurent au pays des relevés topographiques sûrs. Les Néerlandais calculent désormais leur altitude zéro comme des as ! Ainsi, le haut ne fait plus débat. Le bas, celui des eaux, coule de source. 35 000 repères disséminés dans tout le pays garantissent une lecture efficace du relief. On en trouve un à moins d’un kilomètre où que l'on se trouve aux Pays-Bas.

Prendre de la hauteur…
Pour prendre de la hauteur aux Pays-Bas, il faut se rendre jusqu’au Drielandenpunt. Ici se rencontrent trois pays : les Pays-Bas, la Belgique et l’Allemagne. A quelques encablures d’Aken (Aix-la-Chapelle en français), sur cette langue de terre lancée telle une cédille vers ses voisins, les Pays-Bas peuvent regarder avec admiration, et sans trop se tordre le cou pour autant, le point culminant de leur territoire : le Vaalserberg.
Parler d’une montagne serait abusif. D’un mont, c’est encore trop grand. Non, on a plutôt affaire à une colline. Une jolie éminence. Une belle hauteur. De son pied à son sommet, le Vaalserberg a été mesuré à 322,4 mètres au-dessus du NAP.

Tour d'observation Wilhelmina à proximité du Vaalserberg.
…et plonger au fin fond du pays
Le point le plus bas du pays se situe dans un polder, le Zuidplaspolder, situé non loin de Rotterdam. Il culmine à 6,78 mètres en dessous du niveau de la mer. Fort heureusement pour le pays, les trois-quarts de son territoire repose au-dessus du NAP. “Seulement” 26% des Pays-Bas se situent sous le niveau de la mer. Mais cela n’empêche pas les aléas de l’eau… 59% du pays reste vulnérable aux inondations lors des marées hautes et des fortes tempêtes.

Monument élevé pour symboliser le point le plus bas des Pays-Bas
Si vous habitez aux Pays-Bas et que vous voulez vérifier à quel niveau vous vous trouvez, consultez le site du Rijkswaterstaat : https://maps.rijkswaterstaat.nl/geoweb55/index.html?viewer=NAPinfo