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LA LOI DE L'OIE

Début septembre 1872. Karl Marx, dont le livre phare, Le Capital, vient d’être traduit en russe pour la première fois, se promène sur les bords du Spui à La Haye. Il vient de s’installer à l’hôtel Pico, au n°271, afin d’assister au dernier congrès de la Première Internationale. 

En revenant jusqu’à sa chambre, il croise une des employées, Christina Goedvolk, qui en a fini de sa journée. La jeune femme a 26 ans et un ventre qui s’arrondit gentiment. Marx, l’esprit préoccupé par la politique, n’y prend pas garde. Il ne voit pas plus le jeune homme qui attend sur le quai du Spui. Lui a 21 ans. Hendrik Jut travaillait dans l’hôtel il y a encore quelques mois. Il se contente aujourd’hui de venir y chercher sa fiancée.

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Quand on habite en Hollande méridionale, il est fréquent de croiser sur son chemin celle que l’on appelle, à tort, l’oie d’Egypte. A tort car l’animal appartient à un autre genre. L’ouette d’Egypte est une espèce à part, entre l’oie et le tadorne, un canard qui ressemble, lui aussi, à une oie. 

 

Originaire d’Afrique comme son nom l’indique, l’ouette s’est depuis longtemps implantée en Europe. Son adaptabilité est une de ses forces. Mais ce n’est pas la seule. L’animal est capable, dans son aire d’origine, de se reproduire toute l’année. Dans nos contrées plus septentrionales, l’ouette se contente d’une reproduction au printemps. Mais avec son taux de fécondité élevé et un bon taux de survie, ses effectifs se portent très bien. On compterait 50 000 individus aux Pays-Bas, principalement dans l’ouest du pays.

 

Mais attention, la bête n’a pas que des qualités. 

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Violence de volatiles

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Ses défauts, vous les connaissez déjà ! Les ouettes ont une fâcheuse tendance à squatter les parcs et les jardins publics, laissant derrière elles des fientes aussi nombreuses qu’inopportunes. Pire encore, elles sont loin d’être dénuées d’agressivité, notamment en période de reproduction et de ponte, et cette violence de volatile se traduit régulièrement par un tintamarre de tous les diables.

L’ouette crie et siffle pour chasser ses congénères ou tout autre oiseau de son territoire. Très susceptible sur la notion de propriété, l’ouette s’époumone régulièrement au grand dam des riverains. 

 

Pour toutes ces raisons, l’ouette d’Egypte est classifiée parmi les espèces invasives et demeure sous la surveillance des agents de l’Etat néerlandais depuis 1996. Ces derniers effectuent d’ailleurs un prélèvement annuel de 19% de la population afin de la stabiliser.

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Des oies qui valaient des millions

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Parfois, on croise une autre espèce, la bernache du Canada. Elle se reconnaît facilement avec son grand cou, son bec et sa tête noirs, hormis les joues et la gorge qui sont blanches. 

 

Elle aussi est considérée comme une espèce invasive. Importée d’Amérique du Nord pour la chasse notamment, l’outarde, telle qu’on l’appelle outre-Atlantique, s’est acclimatée à merveille aux Pays-Bas. 

 

Ensemble, les ouettes et les bernaches sont à l’origine de dégâts conséquents pour l’agriculture et les écosystèmes locaux. En 2023, 4,3 millions d’euros ont été versés pour les dommages qu’elles ont causés.

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Des perruches en essaim

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Une dernière population d’oiseaux invasifs s’est installée à La Haye. Les perruches à collier sont arrivées du Pakistan dans les années 60. De riches particuliers s’offraient alors les plus beaux spécimens pour leurs volières, d’où certains, évidemment, s’échappèrent. Aux Pays-Bas, on en compte désormais plus de 20 000 qui, pour la plupart, s’installent en ville au sein de grandes colonies.

 

Concurrentes déloyales des espèces endémiques, les perruches, malgré leurs atours plein de charme, figurent elles-aussi parmi les indésirables. A Amsterdam, il est désormais interdit de les nourrir sous peine d’écoper d’une amende de 70 euros !

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